Franglish Comedy Festival : du stand up bilingue…
Du stand up bilingue à Méribel !
29 juin 2022
Imaginez quelques instants : après avoir passé la nuit au-dessus de 2 500 m d’altitude, au petit matin, vous partez du refuge à la frontale.
Dans la nuit, les lumières d’autres alpinistes remontent le glacier. Pour les rejoindre, vous chaussez les crampons, et votre guide vous encorde les uns aux autres. Jusqu’ici vous vous êtes toujours arrêté sur le chemin de randonnée en contrebas. Mais cette fois c’est différent, vous allez plus haut : hors des sentiers battus. Loin de l’agitation des villes, vous êtes alors aux premières loges pour le lever de soleil sur le glacier et il y a de fortes chances pour que cette initiation sur glacier reste gravée dans votre mémoire. Cela vous fait vivre cette sensation partagée par tous les alpinistes : se sentir si petit et en même temps au bon endroit.
Pour vous aider à organiser votre initiation en randonnée glaciaire, nous avons décidé d’interviewer Alain Petex, guide à Méribel depuis 20 ans. Depuis Méribel, vous êtes aux portes du parc national de la Vanoise connu pour ses nombreux glaciers et ses sommets qui culminent à plus de 3 000 m. Alors si vous rêvez de faire votre premier 3 000 m, voici comment se déroule une randonnée glaciaire avec le bureau des guides de montagne Méribel .
Alain Petex : « Ça fait au moins 20 ans que je suis guide de haute montagne à Méribel. J’habite à Bride-les-Bains mais je suis originaire de Moûtiers. Je suis arrivé à Méribel grâce à Frédéric Saint Guilhem, un ancien guide de haute montagne et hôtelier à Méribel. À l’époque, il cherchait un jeune guide pour l’épauler, et c’est ainsi que je suis venu travailler à Méribel.
La Vanoise est un massif que j’aime beaucoup. Les paysages allient le vert des alpages, le bleu du ciel et le blanc des glaciers qui culminent à 3 000 m. Cela crée une ambiance bien particulière qu’on ne retrouve pas dans les autres massifs. ”
Alain Petex : “Au bureau des guides de Méribel, nous sommes 5 guides et 2 accompagnateurs en été. En revanche, en hiver, nous sommes une dizaine de guides pour le ski de randonnée, le ski hors piste ou la cascade de glace.”
Alain Petex : “Nous proposons 2 formules.
Il faut savoir qu’en été une randonnée glaciaire se fait forcément très tôt le matin. La raison est simple : lorsqu’il fait trop chaud, la neige fond. On s’enfonce alors dans la neige, c’est donc plus dur de marcher. Cela peut aussi être un peu dangereux car, sur un glacier, il y a des crevasses qui peuvent être plus ou moins couvertes par des ponts de neige. Tôt le matin, lorsque la neige est dure, on peut marcher sur ces ponts de neige sans s’enfoncer. Pour rester en sécurité, il faut être sorti du glacier vers midi ou 13 h.”
Alain Petex : “Pour la première formule, qui implique de monter en refuge le premier jour, on peut aller au refuge du col de la Vanoise pour faire la pointe de la Réchasse ou la pointe du Dard situées sur le dôme des glaciers de la Vanoise. On accède au refuge du col de la Vanoise en 3 h de marche depuis Pralognan en passant par le lac des Vaches. L’approche est déjà un voyage en soi, car le cadre est magnifique. Ce refuge se situe à 2 500 m et les sommets sont à 3 200 m. Depuis le refuge, il faut donc marcher de 2 h 30 à 3 h pour arriver au sommet.
Ensuite, il y a aussi le refuge de Péclet-Polset qui permet de faire le dôme de Polset situé à 3 501 m. La montée nécessite 4 h de marche, mais le glacier est beaucoup plus conséquent que la première option. C’est un glacier avec des crevasses et des séracs, ça reste de la marche sur glacier, mais dans une ambiance différente du dôme des glaciers de la Vanoise.
Enfin, il y a l’option qu’on propose à la journée en partant de Méribel. On part tôt en voiture pour rejoindre une route située à 2 800 m, au-dessus de Val Thorens. On arrive là-bas à 7 h du matin. On monte alors sur le glacier de Chavière, et de là, plusieurs options sont possibles en fonction du niveau des participants : monter jusqu’à 3 200 m ou monter jusqu’au mont de Gébroulaz à 3 509 m.”
Alain Petex : “La randonnée glaciaire, c’est la discipline idéale pour débuter l’alpinisme. Ça présente très peu de danger, beaucoup moins que des courses d’alpinisme plus verticales. Sur ces courses d’initiation, il n’y a pas de pentes raides sur lesquelles on pourrait se faire mal en glissant. Ce sont des glaciers avec des pentes faibles.
Le seul danger, c’est les crevasses. C’est pour ça qu’on est encordés les uns aux autres. Si quelqu’un tombe dans une crevasse, il reste en surface et il en sort facilement. Après, plus personnellement, ça fait 25 ans que je suis guide et je ne suis jamais tombé dans une crevasse et je n’ai jamais vu un client tomber dedans. La corde en alpi, c’est comme la ceinture de sécurité en voiture. On la met, mais ça ne veut pas dire qu’on va s’en servir.” |
“Après, plus personnellement, ça fait 25 ans que je suis guide et je ne suis jamais tombé dans une crevasse et je n’ai jamais vu un client tomber dedans.” |
Alain Petex : “Pour les itinéraires dont nous venons de parler, il faut pouvoir faire au moins 800 m de dénivelé sans être épuisé. À titre de comparaison, la randonnée qui mène du lac de Tueda au refuge du Saut, une classique l’été à Méribel, demande de gravir 450 mètres de dénivelé. Cependant, pour les initiations à la journée, il est possible de choisir un itinéraire avec seulement 300 m de dénivelé pour arriver sur le glacier. L’objectif de la journée se choisit toujours en concertation. Nous posons un certain nombre de questions sur votre expérience en haute montagne, votre niveau physique, la peur du vide… Grâce à ces éléments, nous vous proposons ensuite des options.“
Alain Petex : “Non, comme son nom l’indique c’est uniquement de la marche sur glacier. Mais il existe d’autres courses d’alpinisme en Vanoise qui nécessitent une petite expérience en alpinisme ou en escalade pour pouvoir être réalisées. Le tout est de trouver ensemble la course d’alpinisme qui correspond à vos envies et à votre niveau.“
Alain Petex : “Il faut louer le matériel dans les magasins de location de Méribel, c’est-à-dire des crampons, les chaussures adaptées aux crampons, un baudrier, un piolet droit, un casque et une paire de bâtons de marche… et évidemment il faut avoir l’équipement nécessaire pour le froid et le soleil, qui est plus intense à 3 000 m : des lunettes de catégorie 4, des gants, une doudoune et une veste coupe-vent…
Enfin, il y a le matériel fourni par le bureau des guides : la corde et le matériel de sécurité sur glacier, comme les broches à glace. La manière d’utiliser ce matériel est évidemment expliquée ensuite par le guide le jour J.”
Alain Petex : “Oui, la randonnée sur glacier en famille est possible. Les enfants sont autorisés à partir de 12 ans. Si les enfants sont de bons marcheurs, on peut commencer un tout petit peu plus tôt, mais dans la plupart des cas, les randonnées glaciaires en famille se font plutôt vers 12 ans.”
Alain Petex : “La première étape, c’est d’envoyer un mail avant son séjour au bureau des guides pour entrer en contact avec nous. Cela permet de choisir un itinéraire et des dates. On fait le maximum pour proposer des sorties sur mesure à nos clients. Ensuite, il y a deux configurations : on peut soit venir avec un groupe déjà constitué (de maximum 6 personnes), ou rejoindre un groupe si on est seul. Les randonnées glaciaires d’initiation dont on a parlé juste avant sont proposées tout l’été, de juin à fin août. Enfin, pour une initiation, le tarif commence à partir de 140 € / personne.”
Alain Petex : “Je me souviens d’une fois où j’ai amené un groupe sur le dôme de Polset. Il y avait alors un jeune de 18 ans. Je l’ai revu 20 ans après et il était encore tout ravi de la course. Ce jour-là, il avait découvert quelque chose et il a continué à faire de l’alpinisme ensuite. S’initier à l’alpinisme, ça ouvre finalement à la haute montagne : on découvre la vie en refuge, on marche encordé avec le jour qui se lève petit à petit sur les sommets et sur les glaciers, on voit des crevasses… Bref, c’est une expérience unique qui marque, comme ce jeune homme qui en reparlait avec des étoiles dans les yeux 20 ans plus tard.”
Alain Petex : “L’été, le bureau des guides propose également de la via ferrata, du canyoning, de l’escalade, de l’alpinisme et des randonnées thématiques. Nous accompagnons aussi bien des personnes sportives qui veulent découvrir ou progresser dans un sport de montagne, que des familles et des contemplatifs qui souhaitent découvrir la nature et la montagne. »