Découvrez le programme de l’ouverture du domaine…
27 novembre 2024
Une interview entre traditions de Noël et de saveurs alpines, qui vous mettra l’eau à la bouche !
À Méribel, tout le monde connaît Jeannine et Gisèle !
Figures locales, elles ont toujours une anecdote à partager sur la région. Quand on veut les rencontrer, elles arrivent avec un panier de bugnes à la main, vêtues de leurs tenues traditionnelles savoyardes (et attention : malheur à celui ou celle qui oserait dire qu’elles sont déguisées !).
Pour notre plus grand plaisir, ces deux amies nous ont raconté leur enfance en Savoie et les spécialités culinaires qui ont rythmé leur quotidien.
Leur histoire commune débute à l’adolescence, lorsqu’elles se rencontrent en travaillant au Dahu. Au fil des années, elles sont devenues des figures incontournables de Méribel, transmettant avec fierté les traditions savoyardes qui leur tiennent tant à cœur.
Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs qui ne vous connaissent pas encore ?
Jeannine : Je suis Janine, surnommée “la fille du Christ”, en référence au surnom de mon père. Je suis née en 1948 à Moûtiers. J’ai toujours vécu et travaillé à Méribel.
Gisèle : Je m’appelle Gisèle, mais ici on m’appelle souvent « Gisèle la plus belle de Méribel ». Je suis née en 1945 à Mussillon. J’ai grandi là-bas. Ma mère travaillait comme femme de chambre à l’hôtel Grand Cœur de Méribel, et mon père était paysagiste avant de devenir employé des remontées mécaniques. Il a même été le premier pisteur secouriste de la vallée.
Noël est une fête marquée par de nombreuses coutumes et traditions.
Aujourd’hui, fêter noël en station c’est découvrir un monde féerique entre les décorations lumineuses, les parades joyeuses, les animations festives … Pourtant, ça n’a pas toujours été le cas.
Comment célébriez vous Noël autrefois ?
Jeannine : Noël, c’était assez simple. À l’école, on faisait un casse-croûte. La femme de l’instituteur préparait un chocolat chaud et on recevait une orange. C’était tout. À la maison, je n’ai pas de souvenirs marquants. Plus tard, j’ai toujours travaillé à Noël, même si c’était un jour férié. Il fallait travailler, point barre.
Gisèle : Pour nous, c’était surtout un événement religieux, mais sans grande festivité. Il y avait la messe de minuit aux Allues, mais comme mes parents n’avaient pas de voiture, on n’y allait pas. À la maison, la nativité n’existait pas vraiment.
Avez-vous malgré tout un souvenir particulier à partager ?
Gisèle : Les propriétaires de la discothèque du O’Sullivan’s, des Parisiens, installaient un immense sapin décoré avec des mandarines et des papillotes. Ils offraient des friandises et même un petit cadeau à tous les enfants de Mussillon. Pour nous, c’était magique car nos parents n’avaient ni l’argent ni les moyens de descendre en ville pour nous acheter des cadeaux.
Jeannine : Je me souviens aussi des veillées dans les écuries. On allait tour à tour chez les uns et les autres. Les gens chantaient, jouaient du violon ou de l’accordéon, et on jouait aux cartes. Les mémés tricotaient des chaussettes. C’était un moment convivial.
Gisèle : On préparait également des plats simples, comme du cochon ou un coq, accompagné de pommes de terre. Pour les fêtes, le dessert traditionnel était les œufs à la neige et parfois des bugnes. On faisait avec ce qu’on avait, sans rien acheter.
Comment les festivités de Noël se sont-elles affirmées au fil du temps ?
Gisèle : Avec le développement de la station. La clientèle étrangère a probablement influencé l’arrivée des festivités. Les communes se sont enrichies, permettant d’ajouter des décorations dans les villages, ce qui n’existait pas avant.
Jeannine : Et quand on a eu des enfants, on s’est mis à suivre ces nouvelles traditions. Avec un peu plus d’argent, on pouvait leur offrir un petit cadeau.
Aujourd’hui, que préparez-vous pour le repas de Noël ?
Jeannine : Une dinde farcie, avec de la chair à saucisse ou des châtaignes. Et si je ne veux pas me prendre la tête, une raclette.
Qui dit repas savoyard pense souvent à ces plats équilibrés de l’hiver (c’est faux) qui hument le fromage et terminent en “ette”. Mais au-delà de ces clichés gourmands, la région regorge de traditions culinaires.
Qu’est-ce qui a façonné la cuisine de votre enfance ?
Jeannine : Des plats consistants, cuits au four, qui laissaient du temps pour s’occuper d’autres tâches. On utilisait ce qu’on avait : le gibier, les champignons, les produits de la ferme. C’étaient des bons plats, avec des produits régionaux.
Gisèle : Chez nous, le gibier tenait une grande place. Mon père, chasseur, ramenait du lapin que ma mère cuisinait avec de la polenta, un plat traditionnel ici.
Quelles sont les spécialités savoyardes ?
Gisèle : Des plats au four comme le gratin dauphinois, la tartiflette, ou encore les diots au vin blanc. Et bien sûr, la fondue ! C’était le plat idéal pour recevoir.
Jeannine : Les crozets aussi sont typiques de la Savoie. Avant, on les préparait à la main : on faisait la pâte, on la découpait en petits carrés, puis on les faisait sécher sur le lit ! Les pâtes industrielles n’arrivaient pas jusque dans nos montagnes. Le premier à avoir fabriqué les crozets en artisanat fut M. Fraissard Fraugais, originaire du hameau du Biollay, situé dans la commune des Allues.
Comment la gastronomie a-t-elle évolué à Méribel ?
Gisèle : On trouve aujourd’hui une plus grande diversité dans les restaurants, notamment avec l’influence anglophone.
Jeannine : Mais les plats savoyards restent incontournables. Aujourd’hui certains chefs mettent des fleurs dessus. Il parait que c’est comestible (rire).
Après une bonne journée de ski à Méribel, que conseillez-vous comme repas ?
Gisèle : Une raclette, le soir, devant la cheminée. C’est un plat convivial qui simplifie la cuisine… Et c’est bourratif !
Jeannine : Oui, il ne faut pas se prendre le chou. Avec les appareils à raclette on est drôlement tranquille !
🧺 Ingrédients :
300g de farine de blé ; 200g de farine de sarrazin ; 2 œufs ; 1 cuillère à café de sel ; Eau tiède
🥄Préparation de la pâte :
Mélangez tous les ingrédients jusqu’à obtenir une pâte homogène et équilibrée, ni trop souple ni trop ferme, idéale pour être étalée au rouleau comme une pâte à tarte. Si nécessaire, ajoutez un peu d’eau tiède pour ajuster la texture.
Étalez la pâte sur une épaisseur de 3 à 4 mm, puis laissez-la reposer pendant 15 minutes. Retournez la pâte et laissez-la reposer à nouveau 15 minutes.
Découpez ensuite la pâte en petits carrés de 1 à 2 cm à l’aide d’une roulette à pâtisserie. Disposez les morceaux sur un torchon propre pour les faire sécher.
🍜 Cuisson :
Cuire les pâtes dans un grand volume d’eau salée ¾ d’heures environs.
Faites fondre une belle noix de beurre jusqu’à ce qu’il prenne une teinte noisette, puis nappez-en les crozets. Pour encore plus de gourmandise, incorporez un peu de crème fraîche.
👩🏽🍳L’astuce de la cheffe : Les crozets s’accordent à merveille avec une dinde farcie !
🧺 Ingrédients pour 6 personnes :
3 œufs ; 75g de sucre ; 45cl de lait ; Une gousse de vanille
🥚 Préparez les blancs en neige :
Séparez les blancs des jaunes. Montez les blancs en neige bien fermes avec une pincée de sel pour les stabiliser.
🥛 Préparez le lait vanillé :
Versez le lait dans une grande casserole. Ajoutez une gousse de vanille fendue en deux et le sucre.
Faites chauffer à feu doux tout en mélangeant pour dissoudre le sucre. Quand le lait approche de l’ébullition, retirez la gousse de vanille.
🍳 Cuisez les blancs en neige :
Réduisez le feu pour que le lait frémisse doucement. À l’aide d’une grande cuillère, prélevez des portions de blancs en neige et déposez-les délicatement sur le lait chaud. Une fois cuits, retirez-les avec une écumoire et déposez-les sur du papier absorbant pour les égoutter.
Préparez une crème anglaise.
🥄Assemblez et servez :
Versez la crème anglaise froide dans un grand plat ou des ramequins individuels. Disposez les blancs en neige cuits sur la crème. Réfrigérez jusqu’au moment de servir.
Découvrez également la recette des bugnes de Jeannine et Madeleine.
Bon appétit !
Crédits :
Texte recueilli et illustré par Ophélie Zayonnet.